Le Kirghizstan récupère 300 milliards d’actifs illégaux en 5 ans

Kamchybek Tachiev. Image tirée d’une vidéo de la chaîne de télévision Region.

Au cours des cinq dernières années, dans le cadre d’une vaste campagne de lutte contre la corruption, plus de 300 milliards de soms (environ 3 milliards d’euros) d’actifs ont été restitués à l’État. Cette déclaration a été fate par le directeur du Comité national de sécurité (UKMK) et vice-Premier ministre Kamtchybek Tachiev dans une interview accordée à la chaîne de télévision Region, rapporte 24.kg.

Selon lui, plus de 1 000 biens immobiliers et 30 000 hectares de terres agricoles sont revenus à l’État. « Des privatisations faites de manière illégale. Des biens immobiliers qui n’étaient pas utilisés de manière conforme. Par exemple, des flottes automobiles ou des usines qui ont été acquis, mais qui n’étaient pas exploités conformément à leur profil et qui ont fini dilapidés », a expliqué le chef des services spéciaux.

Il a souligné qu’avant 2020, de nombreux établissements sociaux et entreprises industrielles étaient vendus à des fins d’enrichissement personnel des fonctionnaires, et qu’il a fallu la volonté politique du président Sadyr Japarov, arrivé au pouvoir fin 2020, pour inverser la tendance.

Selon le vice-Premier ministre, au cours des cinq dernières années, le niveau de corruption dans les organes publics est passé de 80 % à 30 %. L’UKMK a l’intention de ramener ce chiffre à 10 % d’ici la fin de 2026.

« Au début, beaucoup ne croyaient pas que nous allions lutter fermement contre la corruption. Ils disaient qu’il était impossible que Tachiev n’accepte pas d’argent. Ils lui en apportaient même par cartons entiers. Mais ils ont été traduits en justice. Après la lutte acharnée menée contre la corruption ces dernières années, la société a compris que notre objectif était d’éradiquer complètement la corruption », a affirmé M. Tachiev.

Le directeur de l’UKMK a également évoqué les classements internationaux en matière de lutte contre la corruption. Il les a qualifiés de politisés et a déclaré que le Kirghizstan occupait désormais une position de leader parmi les pays de la CEI en matière d’efficacité de la lutte contre la criminalité.

Le chef des services spéciaux a exigé des fonctionnaires qu’ils travaillent honnêtement ou quittent la fonction publique. Il a averti que la responsabilité pour les crimes de corruption serait inévitable pour tous, peu importe les liens familiaux.

M. Tachiev a déclaré qu’en raison de sa position de principe, il avait perdu environ 70 % de ses amis et les relations avec une partie de sa famille s’étaient détériorées.

« J’ai même fait emprisonner des membres de ma famille. À l’heure actuelle, ma belle-sœur est détenue dans un centre de détention provisoire de l’UKMK pour des crimes commis entre 2020 et 2023. Tous ceux qui sont venus me voir – mon frère, mes proches – m’ont demandé de la libérer. Cependant, je ne l’ai pas fait. Ma belle-sœur doit être punie. Si nous l’avions libérée, les gens auraient cessé de me faire confiance », a déclaré M. Tachiev.

Il a promis de mener à bien la lutte contre la corruption au Kirghizstan, malgré les antagonismes et les pertes personnelles.